Je viens tout juste d’avoir 45 ans, il me manque deux dents et je mange de la poutine…. à Paris!
Pourquoi manger de la poutine à Paris me direz-vous? Quand on est à l’étranger depuis si longtemps, retrouver un petit coin qui nous rappelle la maison, c’est très précieux.
Manger de la poutine à Paris, c’est une rare occasion de faire ce que bon nombre d’expatriés des grandes nations font assez souvent : manger du « comfort food » de son coin de pays d’origine. Mais la culture québécoise étant assez minoritaire merci sur cette planète, ce genre d’endroit refuge québécois se fait plutôt rare à l’étranger. Sauf à Paris! Et cela grâce à notre fameuse poutine qui sait s’exporter depuis quelques années.
Je trouve la poutine parisienne étonnamment bien réussie. Dès que l’on pénètre dans le portique de la Maison de la Poutine, on s’y sent déjà à la maison. L’odeur de friture et de patates rouges particulières de nos cantines québécoises s’y respire à plein nez.
Mais… il y a forcément un mais!
Manger de la poutine à Paris, c’est se sentir comme les Français qui mangent de la baguette, ou des Viets qui mangent de la Pho, à Montréal. Ça nous rappelle la maison, mais…..
Ici le mais, ce n’est pas la sauce, ni les frites (qui sont particulièrement réussies!).
Vous l’aurez deviné. Le mais ici, est la faute du fromage!
Oui, ça ressemble au fromage en grains, ça a la couleur du fromage en grains, mais comme il est fait loin de Paris, ils le coupent en cubes et le tiennent au froid pour le préserver…
Il ne fait donc pas squish, squish! Puis, ils nous font l’affront de mettre un couvercle sur le plat! Car, nous dit-on, les Français préfèrent le fromage fondant…
Mais bon, si je suis assise aujourd’hui au 82 avenue du Parmentier, dans cette atmosphère presque maison, c’est justement parce que j’ai besoin de me retrouver un peu avec moi-même, avec mes racines.
Le meilleur moyen pour moi en, ce moment, c’est de vous partager un peu ma vie.
Est-ce prétentieux de conter sa vie publiquement? Mes proches m’ont convaincue du contraire. Lorsque l’on a un vécu riche comme neuf vies de chat, cela mérite d’être raconté.
Mais bon, bien que j’adore les chats, j’ai toujours été plus renarde que féline. Je me suis donc toujours sentie en décalage avec cette notion de chat à neuf vies en raison de mon manque de félinité indépendante et mon côté plus canin rusé.
Mais mon récent voyage en Corée a changé la donne! J’y ai découvert le Kumiho.
J’avais déjà vu sur le web ces renards aux queues multiples, sans y porter une grande attention autre que de trouver ça joli. Séoul m’a appris, lors d’une visite du temple royal, que le Kumiho est issu du folklore coréen plurimillénaire. Animal aux propriétés magiques, il vit plusieurs centaines d’années. À chaque 100 ans, une nouvelle queue lui pousse. Lorsque sa neuvième queue lui pousse et qu’il atteint l’âge vénérable de 1000 ans, il se transforme en une superbe femme séduisante et ratoureuse! Toutefois, il garde quelques traces de sa vie passée. Parfois, ses neuf queues, ou d’autres aspects, comme les oreilles.
Donc, celles et ceux qui me connaissent bien voient ici à quel point un kumiho, c’est moi! Haha! Et c’est ce qui fait que je m’en suis fait tatouer une lors de mon voyage en Corée. Il orne fièrement l’avatar de ce blogue.
C’est également lors de ce voyage que j’ai décidé d’entreprendre un projet qui me trotte dans la tête depuis quelques temps : tenir un blogue quotidien pour raconter ces fameuses neuf vies de renarde.
Et là, si je m’y lance, c’est aussi pour me débloquer côté écriture. C’est drôle à dire, mais j’ai beau avoir gagné ma vie grâce à l’écrit, je n’y ai jamais vraiment trouvé de réel plaisir. J’adore communiquer. Mais à l’écrit, j’ai toujours trouvé ça ardu. Et c’est à la lecture des livres « Writing your thesis 15 minutes a day » de Joan Bolker et « Writing for Social scientists » d’Howard Becker, que j’ai réalisé que je m’y prenais mal depuis le début. J’y allais de la manière la plus difficile qui soit : écrire une version plus ou moins finale du premier coup.
Ces livres m’ont enfin fait comprendre toute l’importance du premier jet, du brouillon. Celui que l’on écrit sans trop réfléchir, mais qui est en même temps le pur produit de la réflexion, puisqu’elle se fait en simultané, en symbiose. Écrire à mesure que l’on pense. C’est de l’écriture automatique ou écriture libre.
Ce premier billet est écrit selon ces techniques enseignées. Et voilà! Je viens de vous pondre presque 1000 mots d’une seule traite! Alors qu’autrefois, j’aurais voulu rédiger des phrases parfaites une après l’autre. Là, je viens d’éditer mon texte à la toute fin, plutôt qu’en cours de route. Ce premier jet ne m’a pris que 35 minutes! Beaucoup plus rapide que par le passé.
Aujourd’hui, je me lance donc à l’eau. Je tente l’exercice de vous écrire exactement 999 mots chaque jour (enfin, le plus possible chaque jour!), pendant 99 jours[1]. Je vais écrire 999 mots, pas plus, pas moins. Question également de pratiquer la concision et la rapidité d’exécution, je me donne une heure max pour produire ces textes. Je publierai le texte tel qu’il se trouve au bout d’une heure.
Je relève ce défi devant vous! Je ne sais pas quels seront mes 99 sujets, même si j’ai déjà quelques idées. Je vais y aller de sujets qui touchent ma vie passée, mes voyages, mes études et projets présents, voire mes rêves d’avenir. On y fera plus ample connaissance, vous me connaîtrez davantage, et probablement sous toutes mes coutures. J’ai besoin de me raconter, car la vie est trop courte pour se cacher dans sa tanière, ne montrer au monde qu’une seule de ses neuf queues et faire semblant d’être une tite renarde comme tout le monde.
[1]Écrire quotidiennement 999 mots, le réviser, l’éditer, le mettre en ligne, s’est rapidement avéré être un exercice assez fastidieux. Actuellement, la rédaction des billets se fait à un rythme hebdomadaire.
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