Il y a des matins ou, quand vient le temps de rédiger, je me complique la vie pour rien…
À peine étais-je éveillée que Facebook m’offrait, comme il sait si bien le faire, un rappel important : cela fait un an aujourd’hui jour pour jour, minute pour minute, que Émilie (mon amoureuse, ma fiancée) et moi devenions amies sur Facebook!
Oui, c’est aujourd’hui « l’amiversaire à Émilie et moi! »
Quel bon sujet de billet de blogue! Me suis-je dit.
Il faut absolument que je parle du fait que nous nous sommes rencontrées en ligne avant de nous rencontrer en personne.
Il faut absolument dire que l’amour virtuel, avant d’en arriver à l’amour dans le réel, ça existe! Car c’est bien ce qui s’est passé entre Émilie et moi.
J’ai commencé à rédiger en écriture libre pour voir ce qu’il en allait en sortir.
Et là, j’ai pondu d’une traite plus de 2500 mots…!
J’ai même dû m’arrêter. Car j’étais partie dans toutes les directions.
La trame de fond de mon écriture libre, c’était la recherche de l’amour.
« En effet, c’est un sujet inépuisable » me direz-vous.
Vous avez raison.
En me lançant sur la question de l’amour, et surtout, de la recherche de l’amour en ligne, de ses joies, de ses peines, de ses illusions, de ses frustrations, de sa résilience, de son abandon, je me suis mise à écrire un fleuve.
Sur les sites de rencontre.
Sur l’amour jetable et les relations-poubelles qui en découlent.
Sur le ghosting.
Sur l’accumulation de relations sexuelles non satisfaisantes.
Sur la surabondance de partenaires potentiels, mais qui n’en sont pas en fin de compte…
Sur le polyamour.
Sur l’amour au temps du numérique.
« Hummm tient, tient! C’est pas un titre de documentaire, ça? »
Oui! C’est un documentaire de la cinéaste Sophie Lambert qui est passé à Télé Québec en 2016, je crois…
Ça avait fait beaucoup jaser. Sophie Lambert avait suivi 6 jeunes « milléniaux » début vingtaine, dans l’impact des réseaux sociaux sur la quête de l’amour.
Je me rappelle qu’elle disait un moment donné : « quand j’avais leur âge, dans les années 1990, on cherchait du sexe, et on rencontrait l’amour. Aujourd’hui, on cherche l’amour et on ne rencontre que du sexe », ou quelque chose comme ça… faudrait que je réécoute.
Ça avait fait beaucoup réagir. Car ça ne touchait pas juste les jeunes, mais tout le monde.
Moi, qui est de la génération de Sophie Lambert, j’ai connu aussi la recherche de l’amour dans les années 1990, avant l’omniprésence d’internet, avant les médias sociaux.
La différence est majeure.
Se retrouver célibataire à 40 ans, dans cette mer infinie de possibilités que sont les médias sociaux, tu risques de t’y noyer assez vite.
C’est ce qui m’est arrivé. J’ai avalé de travers plusieurs gros bouillons d’eau très salée. J’en y ait perdu le souffle!
Heureusement, j’ai vécu ce retour au célibat (après 13 ans de relation de couple), au sein de la communauté polyamoureuse.
L’avantage?
Les ressources en ligne et les activités qui permettent de discuter de tout ça et de trouver du soutien.
Je ne suis pas sûre que je serais passée à travers ce choc « culturo-temporel » si je ne m’étais pas inscrite au sein d’une communauté ouverte à discuter de l’amour, de ses péripéties, de ses difficultés, de ses joies, aussi…
C’est parce que je me suis inscrite dans une communauté de soutien que j’ai découvert le deuxième amour de ma vie. Comme j’avais rencontré mon premier dans une autre communauté de soutien, la communauté LGBT.
Les bars, les sites de rencontre, c’est du fast food quant à moi.
Ce sont des lieux de rencontre éphémères où l’on présente une image de soi souvent déformée.
Pour plaire.
Dans les communautés de soutien, par les échanges multiples qu’on y fait, par les amitiés réelles qui s’y forgent, on a plus tendance à s’y montrer à visage découvert. Et c’est là que l’amour, le vrai, se pointe le nez.
En fait, contrairement à Facebook qui le claironne, ce n’est par grâce à lui que j’ai rencontré ma fiancée que j’adore et dont je m’ennuie terriblement seule, dans cette chambre étudiante, à Paris.
Enfin, pas directement.
Si j’ai rencontré ma fiancée, c’est grâce à des gens qui ont utilisé cette plateforme dont on aime bien en décrier les méfaits pour en soutirer le meilleur : l’entraide, la fraternité, le soutien.
Si j’ai rencontré ma belle Émilie, c’est grâce à un groupe que j’ai créé, il y a plus de trois ans maintenant, en collaboration avec plusieurs polyamoureuses qui aiment les femmes.
Ma rencontre avec Émilie, je la dois à Polyfilles (et indirectement à Polyamour Montréal, où elle a entendu parlé de mon groupe). Je la dois aux heures que j’ai investies sur ce groupe que j’ai créé il y a quelques années pour en faire un lieu d’échanges où chacune se sentirait en sécurité de le faire.
Ainsi, cher Facebook, cet « amiversaire », je le dois un peu à toi, mais surtout à la centaine de filles qui soutiennent ce groupe.
Car sans elles, un 15 juin 2018, tu n’aurais pas cogné à la porte du groupe. En tant qu’administratrice, je ne t’aurais pas ouvert la porte et ne t’aurais pas trouvé super belle.
Sans Polyfilles, je ne t’aurais jamais ajoutée comme amie Facebook. Je n’aurais pas fouillé ton profil de fond en comble, parcouru tes milliers de photos que tu y as partagés depuis ton adolescence. Je n’y aurais pas laissé des petits cœurs ici et là pour te dire que tu m’intéressais. Tu n’aurais certainement pas fait la même chose de ton côté.
Sans tout ça, je ne t’aurais pas écrit en privé en te disant : « À force de se lancer des fleurs de même sur le groupe, il serait peut-être temps de s’écrire un peu en privé? ».
The rest is history.
Ce billet de blogue aurait pu être des plus simple : Oui l’amour au temps du numérique, ça existe!
Je l’ai trouvé il y a un an.
Je n’avais pas besoin d’un détour de 2500 mots pour le dire.
Je t’aime ma belle louve.
©Kumiho’s stories – ou les 9 vies de Julie La Renarde – Tous droits réservés – MMXIX