Jour 24. Quand le coronavirus t’atteint dans ton angle mort

Lorsque j’ai reçu mon résultat de test positif, j’étais bien loin de m’imaginer à quel point ce coronavirus me rendrait malade.

J’étais bien entendu consciente de toutes les complications qui pouvaient survenir à la suite d’une contamination au SARS-Cov-2.

On a tous vu ces images de gens sous respirateur artificiel. Elles donnent de quoi frémir!

Mais bon, j’étais loin de me considérer parmi les plus à risque d’être sévèrement atteinte par ce foutu virus.

Je n’ai que 46 ans, je suis en très bonne santé. Je fais de l’exercice régulièrement et je fais attention à ce que je mange la plupart du temps.

Mon dernier bilan sanguin me donnait 0,25% de chance de faire une crise cardiaque au cours des cinq prochaines années. C’est tout dire!

Je ne m’attendais donc vraiment pas à me retrouver malade au point de devoir aller à l’hôpital, en ambulance.

Je ne m’attendais pas non plus à devoir écrire un tel billet. Après 10 mois de télétravail, à rester la plupart du temps à la maison et à ne voir presque personne et suivre les consignes à la lettre, attraper ce foutu virus est très frustrant. Et encore plus fâchant quand on sait que la vaccination vient de commencer.

À mon arrivée à l’hôpital j’ai pris une photo de moi dans ma chambre d’isolement et j’ai rédigé un commentaire où j’exprimais mon désarroi face à la multitude des symptômes sévères dont j’étais atteint.

Des amis proches m’ont demandé si j’étais OK pour mettre mon post public afin qu’ils puissent le repartager. J’ai tout bonnement dit oui, sans réfléchir. Et surtout sans m’attendre de le voir devenir viral et être repartagé par plus de 300 personnes!

Ayoye… 316 partages (au moment de rédiger ces lignes)! Ça en devenait presque gênant de me « mettre à nue » devant tant de gens!

Et l’énorme vague d’amour que j’ai reçu au passage m’a fait un bien fou. Cela m’a donné la force de continuer à combattre ce vilain virus jusqu’au bout.

Cela m’a aussi indiqué à quel point les gens sont inquiets de voir autour d’eux des guéguerres insensées menées par des proches contre le port du masque, contre le vaccin, le tout soutenu par des thèses conspirationnistes de tous acabits.

…..

Si vous faites partie de ces gens, ce billet vous est d’abord destiné.

« Baaaaah! Pas un autre de ces témoignes sordides », me direz-vous?

Hé bien oui, un autre témoignage. Car au-delà des statistiques, il y a des gens qui souffrent et des gens qui meurent.

Pour vrai. Et en grand nombre.

Derrière ces statistiques, il y a aussi des hôpitaux qui se trouvent à être surchargés de patients infectés. Des hôpitaux où le personnel est épuisé après 10 mois d’une guerre à ne plus finir contre ce fichu virus. Et qui dit personnel épuisé, dit augmentation des possibilités de faire des erreurs.  Et qui dit erreur, dit risque de se faire contaminer et contaminer ses proches.

C’est donc ainsi que j’ai été infectée. J’ai attrapé la COVID-19 via mon angle mort.

Ma blonde travaille comme préposée aux bénéficiaires pour l’un des hôpitaux parmi les mieux équipés pour faire face à la pandémie. Les mesures prises sont vraiment top et la contamination du personnel y avait été très faible.

Mais ça, c’est jusqu’à il y a trois semaines. Il n’a fallu qu’une seule personne positive dans une unité de soin pourtant à l’abri de la Covid-19, une seule personne qui passe à travers du filet de sûreté pour qu’une éclosion survienne.

En quelques jours, des dizaines de patients et une bonne partie du personnel se sont retrouvés à être porteur du virus et à développer des symptômes.

Ces derniers ont ensuite infecté les membres de leur famille sans le savoir, qui eux, l’ont peut-être transmis à bien d’autres personnes aussi sans le savoir.

Si la jeunesse de ma conjointe l’a prémunie contre des symptômes sévères, mais a quand même eu droit à une perte de l’odorat et un essoufflement à l’effort, moi j’ai mangé toute une raclée.

Ça a commencé de mon côté par une grosse fatigue et un gros mal de tête. Je me suis mise à dormir des 12-13h de temps.

Au pire de la crise, j’ai même dormi jusqu’à 15h d’une traite. Je peux vous dire que j’ai été plusieurs jours à ne pas voir les rayons du soleil.

J’ai constaté ensuite que je m’essoufflais à rien. Monter les marches pour passer de notre sous-sol au rez-de-chaussée était devenu une aventure éprouvante.

Puis ont commencé les douleurs musculaires. D’intenses douleurs au ventre, sur le côté et d’autres à l’épaule. Je me suis sentie coincée et j’avais de la difficulté à respirer. Connaissant tous les dangers liés à une détresse respiratoire, je commence à être inquiète.

Pour la première fois, je me demande si je dois aller faire un tour à l’urgence.

Heureusement, les bons soins de mon infirmière adorée, ma chère compagne de vie, m’aideront à passer à travers.

Quelques compresses d’eau froide m’aideront à calmer la douleur et à respirer plus facilement. Mais les compresses ne m’empêcheront pas de développer de la fièvre.

Une fièvre solide.

Trente-neuf et quelques dixièmes de degrés de fièvre au quotidien. Qui ne me lâchera pas pendant presque une semaine entière.

Le lendemain, perte d’appétit complète. Puis en soirée, des vomissements intenses, de style gastro.

Tsé, quand tu n’as pu rien dans le ventre et que ton corps te pousse à vomir pareil? Et qu’en plus, tu es essoufflée au moindre effort?

Quand tu vois les symptômes se multiplier de la sorte et s’entrecroiser, tu commences à t’inquiéter sérieusement.

« C’est pas plus dur qu’une gripette! », que certains disaient.

Quand tu as les deux mains qui tiennent ton ventre pour faire passer la douleur, tu te mets à penser qu’un troisième bras serait fort utile pour les envoyer promener.

« Pas pire que la grippe? »

C’est là que je ressors la liste des symptômes possible. Je constate alors que je suis en train de cocher toutes les cases une après l’autre et ça inclut la perte d’une bonne partie de l’odorat.

Tout sent ou goûte bizarre et dans certains cas, n’a que la saveur du carton.

Ne manquent que la toux, les maux de gorge et la détresse respiratoire.

Là, je commence à avoir l’anxiété dans le tapis.

Surtout que mon saturomètre m’envoie des signes inquiétants. Alors que la normale se situe aux alentours de 98%, ma saturation en oxygène ne cesse de descendre.

D’abord en dessous de 95.

Puis, sous les 90…

Jusqu’à 80…

Avec des pointes jusqu’à 70…!

…..

Vous connaissez l’hypoxie silencieuse?

C’est un des symptômes graves de la Covid-19. Le virus inflamme les poumons et diminue l’apport en oxygène. Mais comme le gaz carbonique, pour une raison inconnue, continue à s’expirer normalement, la personne qui en souffre ne se rend pas compte de cette carence en oxygène, laquelle, vous le comprenez bien, peut entrainer de graves conséquences.

Certains sont entrés à l’urgence avec une saturation avoisinant les 50%, ne sachant pas que leur apport en oxygène est en baisse constante, puisque le signal d’alarme du corps passe par le taux de Co2.

J’ai donc le saturomètre à l’œil.

Je prie de tout cœur de ne pas avoir à être intubé pour continuer à respirer.

Ma conjointe et moi, on ne prend plus de risque. On appelle l’ambulance. Moi, la sportive qui fait attention à son alimentation, n’a jamais pris l’ambulance de sa vie.

Je me retrouve dans un hôpital de Montréal, sous observation.

Je suis à la limite d’avoir besoin de soins plus poussés.

Mais heureusement, ma situation se stabilise. Elle est encore basse, mais à un niveau qui me permet de rentrer à la maison.

J’aurai évité le pire : les soins intensifs.

La maladie ne m’amènera pas plus loin. J’ai atteint un plateau qui durera quelques jours. Mon amour et moi poussons des soupirs de soulagement.

Je serai dans cet état encore quelques jours avant que la fièvre tombe. Enfin.

L’essoufflement persistera quelques jours encore.

L’odorat revient également progressivement. Mais il y a encore certains aliments qui goûtent bizarre. Mon déodorant à la poudre de bébé, il pue plus qu’autre chose.

…..

Au moment d’écrire ces lignes, je peux commencer à dire que la Covid est derrière moi.

J’aurai été malade 17 jours.

Dix-sept jours d’inquiétude que ça dégénère.

Dix-sept jours à ne pas voir le boutte de tout ça.

Dix-sept jours à voir le nombre de cas et de morts augmenter sans cesse au Québec et constater qu’en ces jours où l’on établit de tristes records dépassant les 2000 cas par jour, tu fais partie de ceux-là. À te rendre compte que tu fais partie désormais des statistiques.

Dix-sept jours à ne pas comprendre pourquoi une partie de la population n’est pas capable de voir les humains malades derrière ces statistiques et est incapable de faire sa part et de porter un simple masque pour protéger autrui.

Je ne vous le cacherai pas. Mais ma fiancée et moi avons cultivé ce fantasme malsain de prendre part à une de vos manifs anti-masque et aller vous montrer toute notre « solidarité » en faisant des bises bien baveuses et des câlins pleins de Covid à une majorité des participants.

Mais malgré tout cela, je ne vous souhaite pas de l’attraper.

La seule fois que j’ai été aussi malade de ma vie, c’était à 21 ans, quand j’avais fait une mononucléose avec complications qui m’avait valu une hospitalisation de quelques jours.

Si vous faites partie de cette minorité d’anti-masques et d’anti-vaccins et que vous avez lu mon billet jusqu’ici, je vous en félicite et vous en remercie.

J’ose espérer que mon témoignage vous aidera à affiner quelque peu votre conscience sociale.

Je sais qu’il y a eu des incohérences dans les consignes gouvernementales par moment.

Mais la politologue que je suis ne peut vous dire que le gouvernement fait son possible avec les moyens qu’il a. Personne n’avait d’expérience notoire en termes de gestion de pandémie. Tout le monde a dû apprendre sur le tas.

Je vous en conjure, rejoignez la très grande majorité, qui en ce moment, suivent attentivement les consignes pour ne pas l’attraper et qui ne souhaitent pas avoir le fardeau de le transmettre sans le savoir à leur prochain.

Il n’y a rien de mouton à vouloir prendre soin des autres. Personne ne vous traite de mouton à porter un condom lors de rapports sexuels, il en est de même du masque. Il n’y a que de la jugeote et une conscience sociale pour faire ce qu’il faut pour le bien commun.

Avec les Fêtes qui commencent, les chances que ce satané virus s’immisce de façon sournoise dans vos vies sont plus élevées que jamais. Soyez prudent et vérifiez constamment votre angle mort. On ne sait jamais.

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