J’ai une tendre amie avec qui j’aime beaucoup philosopher à propos de la vie.
Quand on a la chance de trouver du temps pour se parler, on jase souvent pendant des heures. Des discussions qui sont un baume pour l’âme et les plaies que la vie sait trop bien nous causer.
Il nous est arrivé plusieurs fois de parler des patterns qui affectent nos vies ou nous amènent à prendre des décisions qui ne sont pas toujours les meilleures pour soi, faute de confiance en soi.
Dernièrement, nous avons eu une de ces discussions. Elle touchait les raisons d’un coup de foudre qui n’avait pas été réciproque pour elle.
« J’ai l’impression que c’est à cause de mon poids. J’ai toujours l’impression que les hommes d’ici n’aiment pas les femmes rondes », analysait-elle.
Aussitôt, je lui ai fait valoir qu’elle se trompait. Je lui expliquais qu’un nombre important d’hommes, plus que l’on pense, aiment les femmes rondes[i].
« Ha ben tu vois, c’est clairement une croyance que j’ai achetée! », m’a-t-elle lancé, tout de go.
Ha! Ha! Oui! Des « croyances que l’on achète ». Je trouve l’image parfaite.
« C’est fou hein? Le nombre de croyances que l’on achète et qui nous minent dans la vie? »
Je n’ai pu faire autrement qu’acquiescer. Et ça m’a donné l’idée de vous pondre ce billet de blogue.
C’est vrai qu’au courant de nos vies, l’on achète bon nombre de croyances. Probablement un trop grand nombre et à rabais en plus.
Surtout en ce qui concerne les croyances négatives qui minent trop souvent nos vies et qui nous limitent grandement dans notre épanouissement.
L’exemple du poids en est un très bon, car il touche énormément de gens. Les femmes surtout.
N’est-ce pas mesdames?
Alors, dites-moi, qui ici a la fâcheuse habitude de se trouver moins belle ou beau et de se déprécier à mesure que les kilos s’additionnent sur son pèse-personne?
Je ne vous demanderai pas de lever la main.
Nous sommes tellement nombreuses à avoir développé cette croyance que ça en est déconcertant. Et pourtant, la beauté n’a rien avoir avec le poids.
Il y a bien des personnes qui sont vraiment moches et minces à la fois? Non?
Il y a bien des personnes qui vous ont dit vous trouver très belle, voire sexy, n’est-ce pas?
Et à votre tour, vous avez sûrement trouvé belles des personnes avec des rondeurs?
Alors pourquoi, malgré ces compliments, continue-t-on à se trouver moche?
Parce que c’est devenu une croyance très ancrée dans notre for intérieur, au point qu’elle est devenue une vérité incontestable. Et ce, même si de notre côté, on trouve les femmes pulpeuses tout autant sexy. Tant et aussi longtemps que cette femme voluptueuse, ce n’est pas nous.
Peu importe ce que les autres diront de nous, tant que gain de poids = laideur dans nos têtes, l’on se trouvera moche avec des kilos en trop.
Quoi faire alors?
Pour changer notre perception de tout ça, il faut donc travailler au niveau des croyances.
Si on a acheté des croyances, on peut également aller au magasin pour se faire rembourser et les échanger pour des croyances plus positives et plus saines qui contribueront à notre épanouissement personnel.
N’est-ce pas?
Une fois cet échange d’une croyance négative par une positive, il faudra la mettre en pratique par des gestes précis. Car une croyance, pour qu’elle fonctionne, il faut qu’elle s’inscrive dans notre chaire et notre âme par la pratique.
Ça vous parait abstrait tout ça?
Laissez-moi vous en faire une démonstration.
Rien ne vaut mieux qu’un exemple personnel.
Dès mon premier billet, je vous ai exposé brièvement la transformation de mes croyances liées à l’écriture, lesquelles ont mené à la création de ce blogue.
L’exemple se voudra bien différent que celui sur nos croyances par rapport à la beauté et la prise de poids. Mais en contrepartie, il me sera plus facile d’expliquer cette mécanique en trois étapes qui permet un changement de croyances.
Ça vous convient?
Voilà, je commence.
…..
Vous allez peut-être trouver ça drôle. Mais jusqu’à tout récemment, je n’aimais pas vraiment écrire.
Pourtant… J’ai écrit toute ma vie et j’en ai même fait mon gagne-pain!
Même si j’ai gagné ma vie via l’écriture, ce n’est que depuis que je rédige régulièrement ce blogue que je peux enfin dire que j’aime vraiment écrire.
C’est stupéfiant, n’est-ce pas?
En fait j’ai toujours aimé raconter des choses. J’aime enseigner, donner des conférences, animer des émissions de radio. À l’oral, je me suis toujours sentie libre et dans mon élément. J’y nage vraiment comme un poisson dans l’eau.
Mais écrire, rédiger de longs textes, j’ai toujours trouvé ça un peu pénible.
Pour moi, écrire, c’était comme se promener en forêt hors sentier. Même si on peut se rendre à destination, c’est quand même long et ardu avec toutes ces branches que l’on doit tasser pour avancer quelques pas à la fois.
C’est quand même surprenant, n’est-ce pas? Une ancienne journaliste qui vous lance qu’elle a toujours trouvé difficile d’écrire?
La raison pour laquelle j’y trouvais toujours une certaine difficulté n’était pas liée aux sujets abordés. Dans mes années comme journaliste, comme responsable de communications, puis comme chercheuse universitaire, j’ai rédigé sur un très grand nombre de sujets les plus intéressants et passionnants.
L’inspiration ne manquait vraiment pas.
Non, la difficulté était dans ma façon d’écrire, dans la technique de rédaction que j’utilisais. J’estimais qu’une belle écriture consistait à rédiger les phrases de mon texte de la plus belle ou meilleure façon qui soit du premier coup.
Et ça, ça en fait des branches à écarter à mesure que l’on écrit!
Je croyais, et il s’agissait bien là d’une croyance, que pour avoir un bon texte bien rédigé, il fallait que chaque phrase soit écrite de la meilleure façon avant d’en écrire une seconde. Quitte à la réécrire plusieurs fois, ou changer certains mots par des meilleurs.
Ouf! Je trouve ça épuisant juste de l’écrire.
Vous vous imaginez si je fonctionnais de la même façon à l’oral?
« Bonjour mesdames et messieurs, aujourd’hui nous vous donnons, euh… offrons, non c’était bien donnons, une conférence sur les vertus, euh.. Je devrais plutôt dire les bienfaits de… »
« Ha! Non, je n’aime pas comment j’ai commencé ma conférence. Je recommence. »
« Bonsoir mesdames et messieurs… »
Ça serait l’enfer, non?
Dans une prestation orale, quand un mot est dit, il est dit. Quand une phrase est dite, elle est dite. Et on passe à la suivante. Et ça finit par couler tout seul.
Hé bien, ça ne devrait pas être différent à l’écrit!
Lorsqu’un un mot te passe par la tête, c’est lui que tu écris. Et tant pis si ce n’est pas le meilleur. C’est celui-là le bon pour ce qui est de ton premier jet.
Si, une fois ton texte terminé, tu veux t’amuser à changer certains mots, réécrire certaines phrases, voire réorganiser certaines parties, soit! Ça sera beaucoup plus amusant, car tu auras déjà déballé ton sac en rédigeant tout ton texte et le fignolage sera plus un jeu qu’une corvée.
Pourquoi me forçais-je à écrire de la sorte? Si c’était si pénible? Pourquoi n’ai-je pas demandé de l’aide pour m’aider à rédiger plus facilement?
C’est simple, c’était la croyance que j’avais achetée. Je croyais que c’est comme ça que fonctionnait l’exercice de la rédaction, tout simplement.
Pire! Je pensais que tout le monde rédigeait comme ça.
C’est devenu ma vérité.
Donc, si c’est la vérité, pourquoi la remettre en question?
Quand on achète une croyance et qu’elle devient notre vérité, on ne pense absolument pas qu’il est possible de la retourner au magasin et l’échanger pour une autre.
Jusqu’au jour où la vie te sacre une claque en pleine face et te force à réviser, voire changer tes croyances.
Si malgré tout, avec ma pénible technique, je pouvais écrire des articles ou des communiqués de presse ou des travaux de baccalauréat de 5 à 10 pages, sans grand problème majeur, ça en est tout autre quand vient le temps d’écrire les beurrées qu’on nous demande aux études supérieures, et ça devient impossible lorsque l’on en arrive à rédiger un mémoire de maîtrise, ou pire, une thèse de doctorat.
Devant l’impasse j’ai dû lire des livres portant sur la rédaction de tels ouvrages. Et c’est là que j’ai acheté ma nouvelle croyance face à l’écriture.
Pour avoir du plaisir à écrire, il faut se pointer au clavier et écrire tout ce qui nous passe par la tête. Tout simplement. Il y a généralement des bouts qui ne feront pas vraiment sens.
Pas de problème! On les enlèvera lors que l’on prendre ce premier jet et qu’on l’affinera en enlevant ce qui ne fonctionne pas et à retravaillant le reste.
L’important c’est d’écrire. Le reste viendra tout seul.
Car cet exercice du premier jet nous libère la tête de toutes les pensées liées à notre sujet. Elle couche à l’écrit ce que l’on a dans les tripes. Ça nous permet dans un deuxième temps de retravailler et de peaufiner le tout.
C’est d’une simplicité déconcertante, non?
Et pourtant, il a fallu que je me tape deux bouquins sur le sujet pour réapprendre à écrire après 20 ans de métier.
Même là, lire un livre ou deux sur le sujet n’a pas été suffisant.
Il a fallu me pratiquer pour changer mes vieilles habitudes confortables dues à ces anciennes croyances.
La création de ce blogue à l’été 2019, alors que je séjournais en France pour mes recherches a été mon terrain de jeu pour m’y pratiquer.
Ç’a été l’inscription dans la chaire et mon âme de cette nouvelle croyance.
À chacun des billets que je vous ai pondus, j’ai chaque fois enraciné davantage cette nouvelle croyance jusqu’au fin fond de mon subconscient.
Puis, aujourd’hui, à la rédaction de ce 27e billet, je suis en mesure de vous dire que mes vieilles habitudes sont bel et bien enterrées et que j’aime VRAIMENT écrire. J’aime vraiment vous raconter toutes ces histoires.
Et ça va plus loin encore.
Cela démontre à quel point la transformation a été totale.
Il m’arrive désormais d’avoir une sorte de rage d’écrire.
Je ressens une sorte de picotement sur les doigts, ou encore d’engouement dans mon esprit qui me poussent à m’asseoir, ouvrir une page Word vierge, et à me mettre à rédiger quelques mots.
Et souvent, à vous rédiger un billet.
Comme aujourd’hui.
Ce qui me fascine depuis ce changement de croyance, c’est la facilité avec laquelle je couche les mots les uns après les autres. Je ne cherche plus les bons mots, ils viennent tout seuls.
En fait, je ne cherche plus à trouver les bons mots. Je ne me contente que d’écrire, je deviens UN avec mon clavier. Et en retour, les bons mots sortent tout seuls.
Comme lors de mes prestations orales finalement.
Maintenant, je n’écris plus vraiment. Je raconte des choses et ça change tout, tout, tout!
Ça a complètement changé ma réalité et vous êtes les premiers à en profiter.
___________________
[i] Selon un sondage effectuer par la firme Crop pour Elle Québec, près de 40% des hommes trouvent avant tout les femmes rondes comme étant les plus attrayantes. Et près de 92% trouvent le poids de leur conjointe adéquate. Quand l’on sait que 2 femmes sur 3 portent du 14 ans et plus, ça fait bien des hommes à se délecter des courbes de leurs blondes.
©Kumiho’s stories – ou les 9 vies de Julie La Renarde – Tous droits réservés – MMXXI
Space fascinated many artists and scientists from ancient times. Desiree Vachel Consuela
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