Jour 23. Trump is fired! Le cauchemar est (enfin!) terminé

Trump is fired! Le cauchemar est (enfin!) terminé
Crédit photo: Brendan Smialowski – Agence France Presse.

Les grands réseaux américains l’ont annoncé après un dépouillement marathon de 5 jours: Joe Biden sera le 46e président des États-Unis.

Trump is FIRED!

Enfin.

Pour vrai.

Je respire désormais beaucoup mieux.

Et vous?

Au cours de la dernière semaine, j’ai été scotchée devant mon ordinateur à suivre le dépouillement comme si ma vie en dépendait.

Pratiquement jour et nuit, j’étais branchée sur CNN, le New-York Time et même Fox news!

Va-t-on être enfin libéré de ce gougeât?

Je ne voulais absolument pas manquer le moment de ma libération, de NOTRE libération.

Je voulais être témoin du moment où nous sortirions enfin de ce cauchemar des quatre dernières années.

Je voulais voir live, de mes propres yeux, le moment où l’on pourrait recommencer à respirer normalement.

Je voulais être là lorsqu’on nous annoncerait que l’on pourrait enfin recommencer à croire en l’avenir.

Et ce matin, alors que je me frottais les yeux afin de me réveiller de cette courte nuit, j’ai entendu à CNN ces mots tant attendus qui allaient nous sortir de ce long cauchemar: « Joe Biden sera le prochain président des États-Unis d’Amérique ».

Enfiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin!

…..

Nous sommes probablement des millions sur cette planète avoir vécu l’élection de 2016 comme un choc terrifiant.

Comment un homme sans scrupule, tricheur, narcissique, qui ment comme il respire, qui dit tout et son contraire dans une même phrase, qui est misogyne, à la limite raciste, et qui croit que l’intimidation est le meilleur moyen d’arriver à ses fins, pouvait avoir été élu à la tête de la plus grande démocratie du monde?

On s’entend, sur la scène internationale, les États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale, ont été et sont encore aujourd’hui, tout sauf des enfants de chœur.

Partout sur la planète, la puissance américaine n’a jamais hésité à s’imposer par la force pour défendre ses intérêts.

Néanmoins, au niveau de ses institutions politiques, les États-Unis ont toujours comme un phare au sein du monde démocratique.

Depuis leur fondation à la fin du 18e siècle, les États-Unis d’Amérique, tel un métronome, ont tenu des élections tous les quatre ans. Et la passation des pouvoirs s’est fait chaque fois sans heurts.

Sans exception.

Rien, ni même la Guerre de Sécession, n’a empêché les Américains d’élire leur président et tous les autres postes électifs le « mardi suivant le premier lundi de novembre ».

Avec son système de « checks and balances » (équilibre des pouvoirs), on a longtemps estimé que le système américain était l’un des plus solides et un excellent pare-feu contre l’autoritarisme et ses dérives, contrairement à plusieurs démocraties qui en ont été victimes au cours de l’histoire.

Les États-Unis pourraient-ils devenir une république de bananes?

« Impossible! », nous disait-on.

Donald Trump nous a toutefois démontré au cours des quatre dernières années que la maison américaine n’est pas tant à l’abri du feu.

Il y a des craques dans le vernis démocratique dans lesquelles il est possible de pénétrer et faire pourrir la pomme de l’intérieur.

Les politologues Pierre Martin et Stephen Walt, entre autres, n’ont cessé de nous le rappeler et le démontrer : Trump a tout fait pour gouverner à l’image des chefs d’États autoritaires qu’il admire.

Au cours de son mandat, il a révélé qu’il était possible de miner certaines institutions de l’intérieur et les mettre à sa main dans une logique perfide: « Tu es d’accord avec moi ou bien t’es viré! »

De plus, le népotisme a été régulièrement au rendez-vous.

Il s’en est même pris au système électoral, pourtant un socle solide de la démocratie américaine.

Tous se questionnaient à savoir jusqu’où il irait s’il était élu pour un deuxième mandat.

Nombreux craignaient le pire dans un tel scénario.

Depuis aujourd’hui, on sait heureusement que ce ne sera pas le cas. Malgré la pandémie, le système électoral a tenu bon. Nous nous sommes réveillés avec un nouveau président légalement et légitimement élu, quoi qu’en dise, ou plutôt en crie, le président sortant.

…..

Aujourd’hui, le journaliste et animateur à Radio-Canada, Patrice Roy, a résumé la nature du choix de ces dernières élections: « c’était pour les Américains entre choix entre la dignité et le harcèlement de l’autre ».

Il n’aurait pu mieux dire dire.

Un tel comportement a eu un impact nocif pour la société américaine, voir internationale.

Jusque chez nous, nous avons été en mesure de constater à quel point le virus Trump, venant de l’homme le plus puissant de la planète, a pu infecter bien des gens qui se sont ainsi cru légitimés à harceler leur prochain et à se comporter de façon tordue.

Sous Trump, il est devenu acceptable d’insulter, de dénigrer sans gêne et d’exprimer sexisme, racisme, homophobie, transphobie, misogynie, etc.

Sous Trump, il est devenu tolérable d’appartenir à des factions extrémistes et d’utiliser la force pour faire régner la terreur.

Sous Trump, il est devenu légitime de mentir comme on respire, de se foutre de la science, de prendre des décisions à partir de faits inventés.

Sous Trump, il était pratiquement devenu honorable de tricher pour arriver à ses fins.

Bref, sous Trump, il convenable d’être un bully et d’en être fier.

Alors qu’on travaille sans cesse de notre côté pour bâtir une société plus respectueuse et plus juste, Trump, par ses attaques continues, envoyait le signal qu’être gentleman, empathique, et soucieux de son prochain étaient, au contraire, l’apanage du faible.

Quand l’exemple à ne pas suivre vient d’aussi haut, ça fait mal.

Ça m’a fait mal.

C’est ce qui, au cours des quatre dernières années, a le plus miné mon moral, voir ma santé mentale. Bien plus que tous les confinements liés à la Covid-19.

Sous Trump, la politologue en moi a perdu en partie foi en la démocratie, voire en l’humanité.

Si le populisme abrutissant et autoritaire à la Trump pouvait prendre le pouvoir dans la plus stable et puissante démocratie du monde, quel pays en est désormais à l’abri?

…..

Comme beaucoup en ce moment, la célébration de la victoire du Président élu Joe Biden et la Vice-Présidence Kamala Harris va bien au-delà de ce qui pourrait être vu comme une préférence partisane.

Cette victoire, c’est l’espoir d’un retour à une certaine civilité, à un vivre ensemble qui fera à nouveau du sens. C’est de revenir à un esprit communautaire qui fera du bien.

L’élection de la première femme, noire et d’origine asiatique de surcroit, à la vice-présidente est un peu le symbole, de par ses origines, de tout ça.

L’analyste politique Van Jones l’a souligné avec beaucoup d’émotion en direct sur CNN lors de l’annonce de la victoire de Biden.

 

« Il sera beaucoup plus facile d’être un parent ce matin. Ça sera plus facile de dire à nos enfants que la personnalité compte. Que dire la vérité est important. Être quelqu’un de bien est important. (…) Beaucoup de gens ne pouvaient plus respirer. C’est une libération pour beaucoup de gens qui ont souffert », a-t-il dit.

Beaucoup de gens, trop de gens, ont souffert effectivement.

Inutilement.

Tout ça parce qu’un homme qui ne pense qu’à lui et ses intérêts, qui se fout de la morale et de l’éthique, pour qui tous les coups sont permis, voire les plus vicieux, et qui ne s’encombre pas des faits et de la science quand vient le temps de prendre des décisions, a été élu en 2016?

Un président Biden très tempéré, prudent, à l’écoute, nous apportera enfin beaucoup de calme après la tempête, non, l’ouragan Trump!

…..

J’aimerais donc conclure en m’adressant aux électeurs républicains.

Il y a quatre ans, vous pouviez être excusés d’avoir porté au pouvoir un aussi affreux personnage.

Beaucoup ont pensé que ses agissements douteux étaient plus pour le show qu’autre chose. Que la fonction de président révèlerait un homme plus juste, responsable, voire éthique.

Ses quatre années au pouvoir ont démontré le contraire. Que tout ça n’était pas pour le show. C’était le caractère fondamental de sa personne. Un tricheur tous azimuts.

Il a dit des mois durant qu’il allait s’accrocher au pouvoir quoiqu’il advienne. Il s’est attaqué au système électoral, avançant que c’était un système corrompu et truqué.

Et vous avez voté quand même pour lui. Vous saviez que ce n’était pas pour le show cette fois-ci.

C’est ça votre vision de la démocratie?

Vous avez voté pour un homme dont vous saviez qu’il ne respecterait même pas votre propre droit de vote.

Vous avez voté pour un homme dont vous connaissiez déjà la petitesse d’esprit et l’impact corrosif qu’il a sur la population américaine.

Donc, à vous électeurs républicains qui avez voté malgré tout pour lui, car il « a fait de bonnes choses pour l’économie », « qu’il est contre l’avortement », ou autres raisons, comme on a pu l’entendre ici et là dans les médias, j’aimerais vous poser la question qui tue : Trump est réellement la SEULE personne qui peut défendre vos positions politiques?

Il n’y a PERSONNE dans vos rangs qui ait de la classe, qui soit honorable, respectueux des uns des autres et qui saurait faire avancer vos positions? Un-e candidat-e qui ferait avancer vos point de vue sans créer au passage tout ce climat toxique et aliénant?

Quelqu’un qui saurait faire honneur à toute la nation américaine malgré les divergences partisanes?

Quelqu’un qui saurait être le président de tous les Américains comme Biden annonce le faire?

Un nouveau Ronald Reagan, ou George H. Bush, genre?

Tenez-vous le pour dit, on attend mieux, beaucoup mieux de votre part pour le rendez-vous de 2024.

©Kumiho’s stories – ou les 9 vies de Julie La Renarde – Tous droits réservés – MMXX

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *