Jour 21. Bienvenue à Zombieland! (Mais cette fois-ci, ça n’a rien d’une comédie)

Bienvenue à Zombieland! (Mais cette fois-ci, ça n’a rien d’une comédie)Sur les médias sociaux, les analogies entre les épidémies de zombie et la Covid-19 pullulent.

Pas étonnant.

Depuis une vingtaine d’années au moins, la catastrophe sanitaire ultime dépeinte tant au cinéma que dans la littérature, c’est la mutation d’un virus semblable à la rage qui nous transformerait tous en morts vivants bouffeur de chair fraîche.

De World War Z à The Walking Dead, en passant par les Resident Evil, Je suis une légende et la comédie Zombieland, notre pire crainte est de se voir lobotomisés par un virus qui ferait de nous des somnambules macabres.

Plusieurs ont affirmé que la popularité du genre serait liée à notre peur de devenir nous-mêmes des zombies, au sens figuré, dans nos sociétés de consommation modernes.

Une société qui cherche à nous enlever tout regard critique en nous brainwashant au quotidien, via la pub et nos boulots aliénants, à devenir de parfaits petits consommateurs dont l’appétit pour le matériel serait intarissable.

Cette soif intarissable du toujours plus, pour combler notre recherche de plaisirs égoïstes, et ce sans égard à la nature, aux autres humains, serait ce qui causerait notre perte.

Être zombie, c’est d’être incapable remettre en question le système, ou encore, d’avoir la réelle volonté de la changer.

…..

C’est ce que pensent également beaucoup de survivalistes.

Vous les connaissez? (Ici un très bon site sur le sujet.)

J’ai une bonne amie qui est survivaliste. Depuis des années, elle se prépare au genre de crise que nous vivons en ce moment en stockant de la nourriture et en accumulant tout le matériel nécessaire pour survivre plusieurs mois si tout le système actuel tombait en panne.

Génératrices, semences pour un jardin, fusils de chasse, matériel médical, etc. Rien n’est laissé au hasard et à l’improviste. Toutes leurs réserves et plan de survie sont calculés.

Chez les survivalistes, comment pensez-vous que sont nommés les gens qui ne se préparent pas au pire, qui ne sont pas prévoyants, qui consomment de manière effrénée sans se préparer à une pénurie?

Vous l’aurez deviné?

Ils les qualifient de zombies.

Lorsque la catastrophe survient, ils croient que les zombies seront les premiers à paniquer. Comme si la catastrophe mettait à jour toute leur vulnérabilité.

Ces « zombies » se garrochent dans les centres d’achats pour faire ce à quoi ils sont les meilleurs : acheter, consommer.

Mais cette fois-ci, acheter compulsivement, sans réellement réfléchir à ce qui serait le mieux d’acheter.

Cette hystérie devient contagieuse et force bien d’autres gens à devoir s’approprier des denrées faute de ne pas avoir fait de provisions suffisantes.

Cela nous transformerait du coup, à divers degrés, en zombies.

….

On a tous en tête cette course effrénée à l’achat de papier de toilette, n’est-ce pas?

On a ici le meilleur exemple de zombies du point de vue survivaliste.

Et je l’avoue. Sur l’enjeu du papier de toilette, j’ai été, le temps d’un achat, une zombie.

Non pas que je ne suis pas prévoyante!

Au contraire.

Je suis du genre à toujours avoir un grand congélateur d’extra au sous-sol trop plein et un garde-manger remplis à ras bord, question de toujours avoir des réserves, au cas où.

Mais du papier de toilette?

Je n’y avais pas pensé.

Même si j’observais cette vague épidémique foncer droit vers nous, je ne m’en suis pas inquiétée outre mesure.

Qui aurait pensé qu’une pandémie de type pneumonie allait inciter les gens à se garrocher sur cette denrée devenue subitement rare?

Le choléra? On aurait compris. Une nouvelle forme de gastro? Certainement. Mais un SARS qui s’attaque aux poumons?

Ha ben oui, ça a l’air que nos poumons étaient plus en sûreté avec du papier de toilette pour combattre le Covid-19.

Bref, en ce vendredi 13 mars, devant cette folie et devant faire quelques achats de dernière minute, j’ai été contaminée.

Je me suis acheté 2 paquets de 30 rouleaux…

Ne riez pas!

Je suis sûre que vous l’avez fait. En cachette. Sans le dire à personne.

Nous voilà un mois après le début de la crise, les tablettes sont encore vides. C’est révélateur. Nous sommes donc, on doit se l’avouer collectivement, très nombreux à nous inquiéter pour notre stock de papier cul.

Mais en fin de compte, je crois que les survivalistes ont tort sur ceux qu’ils qualifient de zombies. Du moins envers une partie d’entre eux.

D’après moi, les vrais zombies, ceux qui sont dangereux pour l’ensemble du genre humain que nous sommes, ce ne sont pas nécessairement ces gens imprévoyants qui se garrochent à la dernière minute pour faire le plein de denrées en prévision des temps difficiles.

Les vrais zombies de cette crise, ceux que l’on doit malheureusement combattre encore aujourd’hui à coup de mème conscientisant, d’articles de type « fact-checking », de pub télé, de dépliants distribués dans nos boîtes aux lettres, voire à coup de contraventions, ce sont celles et ceux qui se foutent des consignes.

Le vrai zombie, en 2020, face à cette pandémie sans précédent nous forçant à rester chez nous, dans nos bunkers, c’est celui qui clame à qui veut bien l’entendre : « ben…heu… on doit pas s’empêcher de vivre pour ça! »

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais chaque fois que j’entends ça, ça me met le feu au cul (c’est peut-être la raison de nos achats en papier de toilette? Ha!ha!ha! Qui sait…?)

Si les accumulateurs de papier de toilette restent pour la plupart enfermés chez eux comme des marmottes en attendant que la tempête nucléaire passe, les jemenfoutistes, eux, mettent la vie de leurs prochains en péril.

On les a vus ceux-là.

Ces jeunes qui ont continué à faire le party malgré le confinement.

Ces vieux qui ont continué à voir leurs vieux chums dans les centres d’achats.

Ces croyants et religieux qui continuent pratiquer leur religion en groupe, car la loi de dieu serait supérieure à celle des hommes.

Ces marcheurs qui se foutent de passer à 2 mètres de toi quand tu les croises.

Ces célibataires qui continuent à vouloir dater d’autres personnes, comme si de rien n’était.

Ces éméchées qui contactent leur coiffeuse ou leur esthéticienne, pu capables de leur toupet trop long ou de leurs ongles qui cassent.

Ces tatoués en manque d’aiguilles dans leur peau qui contactent leur tatoueuse préférée pour qu’elle termine leur dernier projet .

Ces complotistes qui estiment que la crise n’est pas aussi grave que ce que disent nos autorités, que tout ça n’est qu’une manigance de la Chine pour gagner leur guerre économique.

Ceux qui se disent que puisqu’ils n’en mourront pas. Bah! Aussi bien continuer à vivre comme si de rien n’était…

Entre ceux qui paniquent dans les premiers temps et ceux qui s’en foutent, dans une épidémie comme aujourd’hui, ils et elles sont les personnes qui, quant à moi, mettent le plus en danger la vie des autres.

Ce sont probablement eux qui, dans un film de zombie, seraient du genre à cacher une morsure pour leur propre profit.

Ceux-là sont les pires, car ils se retrouvent au cœur des gens les plus vulnérables. Ils sont ceux qui causeront le plus de tort en contaminant beaucoup de personnes qui, au départ ont pris beaucoup de précautions pour eux et leurs proches.

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai détecté autour de moi plusieurs de ces cacheurs de morsures.

Des gens, dont l’égocentrisme, et la recherche du plaisir, passent avant tout, quitte à mettre la vie des autres en danger.

C’est le type de personne qui, sur nos routes, texte au volant, prend la route malgré un taux d’alcool dépassant les 0,8, ou bien roulent à 160 km/h entre Montréal et Québec, ou à 60km/h dans une zone scolaire.

C’est le type de personne qui, lorsqu’elle s’apprête à coucher avec une nouvelle personne, insiste pour ne pas porter de condom, soi-disant parce que ça lui enlève de la sensibilité.

Je dirais même pire, c’est ce genre de personne qui, dans une orgie, baiserait sans condom, s’adonnerait au barebacking, ne signalerait pas aux autres qu’ils ont une ITSS.

Ils sont comme ces gens qui ne veulent pas s’empêcher de faire des soirées entre amis.

Car t’sais « il ne faut (surtout pas) s’empêcher de vivre ».

Ben oui, ne pas s’empêcher de vivre ces temps-ci, c’est comme texter au volant ou baiser sans condom : ça peut tuer du monde, ben du monde…

Heille! Ciboire…

On n’est pas à Zombieland en ce moment!

La crise actuelle n’a rien d’une comédie…

©Kumiho’s stories – ou les 9 vies de Julie La Renarde – Tous droits réservés – MMXX

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