Vous allez peut-être trouver ça bizarre, mais depuis que je suis enfant, j’ai l’impression que je vais vivre très vieille et très longtemps.
Et ce n’est pas juste en fantasme.
Quand j’étais petite, j’aimais bien dire que j’aimerais bien vivre plus de 100 ans, voire vivre 1000 ans, ce qui semble se rapprocher de l’éternité pour la petite fille que j’étais.
En retour, j’avais souvent cette réaction :
« Vivre plusieurs centaines d’années? Pour faire quoi? Pour vivre plus longtemps une vie de misère comme j’ai aujourd’hui? Pour vivre éternellement vieille et ridée? »
« Ho lalala! Mais que feras-tu de tout ce temps? Moi, je risque de m’emmerder solide à vivre aussi longtemps! »
S’emmerder.
J’ai toujours eu de la difficulté à comprendre que des gens puissent s’emmerder sur une planète et dans un monde où il y a tant de choses à explorer.
Parfois, j’aimerais bien être en mesure d’acheter du temps aux gens qui pensent comme ça. Un peu comme dans le film In time (ou Time Out en France, ou En temps au Québec), mettant en vedette Justin Timberlake. Vous l’avez-vu?
Une très belle réflexion sur la société, le temps et l’immortalité.
J’ai tellement de d’idées de trucs que j’aimerais faire de ma vie, d’aventures que j’aimerais entreprendre, de choses que j’aimerais apprendre.
Il y a tant à apprendre dans ce monde.
Cent ans, ce n’est clairement pas assez!
Quand je disais ça aux gens autour de moi, que nous serons probablement la première génération qui aura la possibilité de vivre plus de 150 ans, on se foutait de ma gueule.
Encore aujourd’hui, quand j’en parle, beaucoup sont encore sceptiques.
Et pourtant…
Savent-ils que l’on a déjà un pied dans la porte de cette révolution qui changera complètement nos vies, la vie en société, voire l’humanité.
Comme je l’exposais dans mon billet du Jour 13, il est clairement temps de s’y préparer, individuellement et socialement.
Si vous faites partie des sceptiques, laissez-moi vous faire pénétrer dans le monde qui est à nos portes.
…
Déjà quand j’étais petite, dans les années 1980, on disait que c’était impossible de vivre au-delà de 115 ans.
Ça, c’était avant Jeanne Calment!
Cette Française qui, dans les années 1990, a battu tous les records. Elle s’est éteinte 4 août 1997 à l’âge vénérable de 122 ans.
Oui! Oui! 122 ans!
Le record n’a jamais été battu depuis.
Toutefois, l’âge de la mort des doyens de l’humanité ne cesse d’augmenter.
Tranquillement, mais sûrement, l’âge des doyens (je devrais plutôt dire doyennes, car sur la soixantaine de doyens depuis qu’on a commencé à le faire, seuls 7 ont été des hommes!) et se rapproche de plus en plus du record de madame Calment.
Lorsque l’on a commencé à identifier la personne doyenne de l’humanité, c’était dans les années 1950. Elles avaient en moyenne 108 ans.
Aujourd’hui, disons depuis 2010, la moyenne est de 116 ans. C’est un an de moins que la doyenne actuelle, la Japonaise Kane Tanaka, qui a fêté son 117e anniversaire le 2 janvier dernier.
Ainsi, en 60 ans, on a gagné une presque une dizaine d’années en termes de possibilité de vie maximale!
Vous vous dites que vous n’aimeriez pas vivre aussi vieux?
Savez-vous ce que Mme Tanaka a répondu lorsqu’on lui a demandé, le jour où elle a été reconnue doyenne de l’humanité, quel a avait été le moment le plus heureux de sa vie?
« Maintenant », a-t-il répondu. C’est tout dire…
La doyenne de l’humanité actuellement en vie, la japonaise Kane Tanaka
Autrefois un phénomène rare, les centenaires sont de plus en plus nombreux.
Selon Statistique Canada, on en a recensé plus 1800 en 2016 au Québec et plus de 8000 au Canada. Entre le recensement de 2011 et de 2016, c’est le deuxième groupe d’âge qui a connu la croissance la plus rapide, soit une hausse de 41,3%!
Selon l’ONU, il y avait environ 316.000 centenaires recensés dans le monde en date de 2012. Les projections prévoient que ce nombre pourrait dépasser les 3 millions d’ici 2050. Donc, 10 fois plus, en à peine 30 ans.
Si l’on revient au Canada, avec le vieillissement des baby-boomers, première génération à avoir grandi avec la médecine moderne et à ne pas avoir rencontré de réelle période de disette alimentaire, l’on prévoit que plus 40 000 d’entre eux dépasseront cet âge vénérable.
Et ça, c’est en tenant compte de la médecine d’aujourd’hui et de ses capacités actuelles et du fait que les gens qui atteignent cet âge aujourd’hui sont nées… au cours des deux premières décennies du siècle dernier!
…
Voyez-vous, on risque de vivre une véritable révolution médicale au cours de la décennie 2020 qui débute à peine.
Et les signes avant-coureurs sont déjà là.
Les années 2010 ont vu les entreprises en biotechnologies désirant prendre le problème du vieillissement de front se multiplier.
Vu jusqu’à présent comme une fatalité, plusieurs scientifiques par le monde ont changé leur approche face au vieillissement. Ils ne l’abordent plus comme quelque chose d’inévitable, mais plutôt comme une maladie que l’on pourrait éradiquer un jour.
Et ça, c’est un très grand changement de paradigme!
Conférence Ted X : mesurer le vieillissement pour mieux le ralentir
Ça, c’est de prendre le problème du vieillissement d’une tout autre manière.
Car en le voyant comme une maladie, on vise à s’attaquer aux causes et à les éliminer.
Si on y arrive, cela veut-il dire que l’on ne mourra plus?
Pas du tout.
Réduire les effets, voir éliminer le vieillissement, ça signifie plutôt vivre en santé le plus longtemps possible.
Pas juste en santé en évitant cancer, alzheimer, arthrose et autres maladies dégénératives, mais en maintenant les capacités physiques d’une personne de soixante ans, de cinquante ans, voire même de quarante ans pratiquement jusqu’à son jour de décès!
C’est un sujet qui méritera de ma part que je l’aborde dans plusieurs billets, tellement le sujet est vaste et prometteur.
Mais pour le moment, laisser-moi vous parler brièvement de évolutions rapides, qui se produisent dans deux champs qui contribueront de manière fondamentale à cette révolution: l’impression 3D et le traitement de plusieurs maladies liées au vieillissement que l’on estimait incurable jusqu’à tout récemment.
…
La première de ces grandes révolutions aidant à vieillir en santé est donc liée à l’impression 3D. Tant au niveau mécanique, qu’au niveau biologique.
Au niveau mécanique, les effets se sont déjà fait sentir au cours de la dernière décennie. Il est désormais possible d’imprimer des os, voir même remplacer des joints grâce à l’impression 3D.
Vous ne le savez peut-être pas, mais à titre d’exemple, la première hanche à avoir été imprimée en 3D et implantée chez un patient fête son 12e anniversaire!
Et elle tient toujours la route!
Depuis cette première mondiale, réalisée en Italie, ce genre de chirurgie, ce genre d’intervention est devenu très fréquent en médecine.
Hé oui! C’est désormais une réalité.
Les premiers cyborgs sont désormais parmi nous!
Contrairement à ce qu’on imaginait dans la science-fiction, ou l’on présageait le pire avec ces inventions, aujourd’hui ce sont les personnes âgées qui en profitent.
Dans les livres de science-fiction de ma jeunesse, l’on s’imaginait des armées d’humains cyborgs modifiés se faisant la guerre. Mais, en fin de compte, c’est une armée de pépés et mémés qui, grâce à ces avancées, se départissent de leur marchette!
Mon père est d’ailleurs un des prochains sur la liste d’attente. Le cartilage de sa hanche étant fini, il souffre de profondes douleurs et boîte en peu quand il marche.
Ainsi, mon cher papa sera bientôt un cyborg. Ha! Ha!
S’il avait dit ça à ses proches, dans sa jeunesse, qu’il aurait des parties mécaniques artificielles à l’intérieur de lui quand il serait vieux, qu’il serait un cyborg, on ne l’aurait probablement pas pris au sérieux.
Tout comme beaucoup d’entre vous ne me prennent pas au sérieux quand je dis que je risque de vivre plus de 150 ans, voir 200 ans?
Utopique?
Au contraire. Si l’impression 3D a amené une révolution biomécanique dans les années 2010, elle en amènera une encore plus percutante dans la décennie 2020, sinon la décennie 2030 : celle de la bio-ingénierie.
Contrairement à la biomécanique où l’on change des pièces du corps à l’aide de prothèses faites à partir de matériaux inertes, la bio-ingénierie, s’attaque à l’impression du vivant, à la création d’organes de remplacement créé, ou plutôt imprimés cellule par cellule, en laboratoire.
Impossible?
Non, au contraire. Tout ça, c’est en train de se réaliser dans différents laboratoires du monde et peut-être même dans un laboratoire près de chez vous!
La course est actuellement féroce entre firmes de bio-ingénierie qui désirent être LA première à être en mesure d’avoir créé un organe de remplacement à partir de matière vivante.
En fait, on a déjà connu quelques réussites en 2019!
On a réussi à créer une alvéole de poumon (aux États-Unis), un mini cœur (en Israël) et même, un mini foie (au Brésil).
Des chercheurs israéliens ont été les premiers à imprimer un (mini) coeur vivant grace à l’impression 3D.
Toutefois, ces prototypes ne sont pas encore viables pour être transplanté, car on n’a pas encore résolu le problème de la vascularisation fine.
Si on est capable d’imprimer des veines et artères parcourant un organe, on n’est pas capable d’imprimer la vascularisation fine, celle qui véhicule les globules rouges l’un à la fois, au cœur des organes.
Mais dès que cet enjeu sera réglé, on pourra dire qu’on y sera rendus.
On sera en mesure de transplanter des organes tout neufs, construits sur mesure, avec des cellules issues de notre propre code génétique. Et au passage on règle un problème énorme dans le monde de la greffe, celui du rejet et des médicaments antirejet qu’un greffé doit prendre tout au long de sa vie.
Nous entrons dans une ère où l’on pourra rajeunir le corps humain, une pièce à la fois, un organe à la fois.
Bien sûr, remplacer ses vieux organes par des nouveaux ne sera pas à lui seul un moyen nous garantissant une vie bien plus longue.
D’autres facteurs entrent en jeu.
Dont les maladies.
Mais là aussi, les années 2020 pourraient amener un tournant.
Par exemple, pour l’Alzheimer, l’année 2019 a vu la réalisation d’une première étude positive d’un traitement qui permettrait de faire régresser la maladie au point d’améliorer les troubles cognitifs du quart et de diminuer les pertes d’autonomie de moitié. Du jamais vu dans le domaine.
Et la prochaine, c’est du tout chaud! La nouvelle est sortie hier : des chercheurs britanniques ont trouvé un type cellule qui a le potentiel s’attaquer à tous les types de cancers. Ou presque!
On est encore au stade de la recherche fondamentale, mais dans leur article publié dans la revue Nature Immunologie, ils ont démontré que la cellule découverte, un lymphocyte T, à la capacité de s’attaquer aux cellules cancéreuses tout en ignorant les cellules saines.
On connaissait déjà un type de cellules semblable déjà utilisées dans la lutte contre certains cancers précis. Cette fois-ci, les chercheurs estiment qu’elle a la capacité de s’attaquer à presque tous les types de cancer.
On n’en est pas encore aux tests cliniques. Les premiers traitements par ce moyen ne pourraient voir le jour que dans 5 ou 10 ans.
Mais 5 ou 10 ans, c’est demain! Et l’impact sera certainement majeur.
Encore là, l’éradication de maladies que l’on rencontre à mesure que l’on vieillit n’est pas non plus le seul facteur qui nous permettra de vivre beaucoup plus vieux.
Je pourrais continuer comme ça dans plusieurs domaines liés à la santé et l’espérance de vie.
J’y reviendrai prochainement dans un prochain billet.
Pour le moment, je voulais vous mettre au parfum de quelques découvertes et innovations technologiques fondamentales au cœur de cette révolution qui sera tout aussi importante, sinon plus, et aura un impact encore plus grand sur nos vies que ne l’ont été la révolution industrielle du 19e siècle et celle des communications du 20e siècle.
Le 21e siècle sera la révolution du vivant.
La convergence des avancées scientifiques en ce sens s’accélère.
Il faut y penser dès maintenant.
Êtes-vous prêt-es?
Moi, si!
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