Jour 17. Ces doutes qui pourrissent la vie – ou comment apprendre à faire confiance à son instinct

Ces doutes qui pourrissent la vie - ou comment apprendre à faire confiance à son instinctAujourd’hui, je doutais vraiment de ma capacité à vous produire un beau billet de blogue. Surtout que j’avais des doutes sur le bon choix de sujet à faire.

Alors j’ai fait ce que j’aime bien faire dans ces moments de doute : je me suis mise à l’écriture automatique.

Je mets à écrire tout ce qui me vient à l’esprit. Et du profond de mon subconscient, entre mille et une images, mon sujet finit par surgir, par instinct.

Quand je pars de zéro, sans sujet imposé, ce qui ressort est généralement lié à ce dont j’ai le plus besoin d’exprimer sur le moment. Sur ce qui se passe au plus profond de mon être à ce moment précis. Comme si j’avais un médecin intérieur qui me disait : « c’est ce sujet-là qui te fera du bien aujourd’hui. C’est ta pilule du jour. »

Vous savez ce qui a émergé?

Je me suis mise à rédiger sur le doute.

Ça peut paraître étonnant, car on me dit que je suis une personne qui dégage généralement une belle assurance, une certaine autorité et un instinct sûr.

Pourtant…

Si vous preniez des vacances « tout inclut » pour une semaine dans ma tête, vous constateriez à quel point je suis une personne qui doute. Vous verriez que, dans ma tête, c’est tout le temps un branle-bas de combat loin d’être reposant lorsque vient le temps de prendre des décisions. Vous réaliserez rapidement que c’est la pire destination pour prendre des vacances!

Quelle place occupe le doute dans votre vie?

Chez-moi, il en occupe une très grande place.

Une trop grande place.

Je doute de beaucoup de choses… et c’est encore pire quand je suis malade. Surtout en dépression comme présentement. Je doute donc de tout.

De mes capacités.

De mon potentiel.

De mes idées.

De mes choix de carrière.

Des actions que je pose.

De l’amour de mes proches envers moi.

De l’intérêt des gens envers ce blogue.

Je doute même de qui je suis.

Je suis une renarde qui en vient jusqu’à remettre en question son identité de renarde.

Et ça, ça devient épuisant…

C’est bien de douter. C’est même important de savoir douter. C’est ce qui permet de ne pas tout prendre pour du cash. C’est ce qui me permet de faire une bonne recherche scientifique, ou une enquête journalistique percutante.

Mais le doute de soi, c’est autre chose.

Je doute du chemin qui se présente devant moi.

S’il y a des embranchements, je doute du choix que je devrais faire.

Si je fais un choix, je doute que j’ai fait le bon choix.

Je doute.

Je doute.

Je doute.

Devant tant de doute, j’ai finalement appris, au fil des années, à me fier le plus souvent possible à mon instinct.

Mais ça, c’est quand il réussit à entrer dans ma tête.

Je ne sais pas pourquoi, me celui-là, quand il se présente, et que je réussis à lui ouvrir la porte, je réalise qu’il ne se trompe pratiquement jamais.

Quand j’ai un choix à faire, il est toujours là. En train de m’avertir le plus vite possible de tout ce qui se passe, de m’offrir toutes les données disponibles pour me suggérer la bonne option à prendre.

Le problème, c’est qu’il est souvent en compétition avec bien d’autres de ses collègues.

Avec l’anxiété (cette fatigante qui ne cesse de chier dans son froc!)

Avec l’insouciance (qui aime se bercer dans son hamac, margarita à la main, et dire à qui veut l’entendre que tout est chill).

Avec l’intellect (qui se cache toujours avec ses grosses lunettes devant mon ordinateur à dresser méthodiquement et trop lentement le pour et le contre de toute chose).

Avec la témérité (qui dit qu’on a juste à fonce, on verra bien après)

Bref, avec plein de monde.

Mais, surtout, avec le doute. Qui lui, ne veut rien entendre. Ne veut même pas laisser entrer l’instinct. Doutant même de son identité.

Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, ça m’a pris du temps à reconnaître la voix de mon instinct en toute circonstance.

Pendant longtemps, il a été cette petite voix que j’entendais parfois venir de l’extérieur de ma maison, par la fenêtre entrouverte de la cuisine.

Je regardais par la fenêtre et je voyais ce type qui, du trottoir, s’agitait, me faisait signe de la main et criait vers ma fenêtre entrouverte du 4e étage, me suppliant de le laisser entrer, car il avait un message important à me dire.

Mes autres voix, suspicieuses, le doute en tête, s’empressaient de me dire de ne pas laisser entrer.

« Il ne faut pas traiter avec les inconnus. Qui est-il pour savoir mieux que nous ce que tu dois faire? », disaient-ils en cœur.

À défaut de pouvoir le laisser entrer, parfois, je réussissais tout de même à distinguer (à travers les échanges tumultueux de mes autres voix) ce qu’il disait du trottoir.

Comme ce qu’il disait n’était pas bête, je me suis mise quelquefois à l’écouter.

« On ne sait jamais », me disais-je.

Il m’est arrivé ensuite de lui ouvrir la porte de mon bloc à appartement lorsqu’il sonnait.

Il montait.

Mais devant l’insistance de mes autres voix, et surtout du doute, je ne le laissais pas entrer.

Je l’écoutais à travers la porte. C’était plus audible. Mais pas assez pour s’imposer sur les autres voix.

Mais comme il devenait de plus en plus familier, je lui ai ouvert la porte de mon immeuble de plus en plus souvent. Sans toutefois lui ouvrir la porte de mon appartement. Car je préférais écouter mon intellect, ou bien mon insouciance, et trop souvent, mon doute.

Mais un jour, il me (nous?) joua un tour.

Tout un…

Il se déguisa en commis voyageur. Vous savez, comme ces types à vélo, portant casque, gants de cuir et cuissards, et qui livre le courrier?

Je lui ai ouvert la porte, pensant recevoir un colis. Le doute n’a pas compris le subterfuge. Il n’était pas sur ses gardes.

Le commis me tendit une enveloppe, que je m’empressais d’ouvrir.

Il y était inscrit :

Ce type qui frappe à ta porte et que tu ignores trop souvent, et bien, c’est ton instinct. S’il semble toujours arriver de l’extérieur, c’est qu’il agit comme un éclaireur. Il passe ses journées à scruter l’horizon pour savoir ce qui s’en vient sur notre route et à venir t’avertir au galop. Il serait peut-être temps que tu le laisses entrer chaque fois qu’il se pointe le nez. Il ne se déplace jamais pour rien. Il voit les choses avec une longueur d’avance. Il parle souvent avec moi pour être sûr de te donner la bonne information.

Et c’était signé la sagesse.

Ainsi, mon instinct avait réussi à pactiser avec ma sagesse (laquelle prenait de plus en plus d’espace avec les années) pour que je le laisse entrer de plein droit.

Et c’est ce que je fais désormais.

J’ai un fauteuil dans mon salon et qui est toujours libre.

Il est réservé à mon instinct. Quand il cogne à ma porte, je le laisse entrer, l’invite au salon et lui sers un verre.

C’est devenu un bon ami.

Puis, il s’acopine de plus en plus avec le doute. En fait, il TENTE du mieux qu’il peut de se faire ami avec le doute. Il essaye de le rassurer. Il lui dit que tout va bien. Que l’on saura faire de bons choix. Que l’on a une longueur d’avance.

C’est grâce à mon instinct que j’ai su apprivoiser le doute.

Mais ce dernier n’est pas disparu pour autant. Il n’a pas encore su prendre son trou quand il le faut. Il est toujours là. Toujours présent chaque fois.

Cependant, c’est temps-ci, c’est pire. En raison des échecs des dernières années, on dirait que ma sagesse en a pris plein la gueule et est en congé de maladie. Tout comme moi.

Alors, se soigne à deux.

Dans ce temps-là, le doute prend plus de place.

Quand sonne mon instinct, faute d’une sagesse en santé, mon doute s’impose et dit que ce n’est peut-être pas mon instinct qui vient. Que c’est un imposteur qui sonne. Mieux vaut ne pas lui ouvrir.

Alors je me remets à douter.

Encore…

Et la lutte recommence.

Ce congé de maladie est donc bénéfique et essentiel à ma remise sur pied. Ma sagesse et moi avons donc pris sur nous de nous soigner, entre autres, par à cette thérapie de groupe qu’est ce blogue, surtout quand rédigé avec l’écriture automatique.

Il permet à ma sagesse de comprendre que les échecs des dernières années ne sont pas dus à son manque de vigilance face au doute.

Au contraire.

Nous avons pris les bonnes décisions devant les défis que la vie nous a imposés, même si ça nous a rentré dedans de plein front.

En couchant tous ces mots au quotidien, le doute apprend à se calmer, la sagesse prend de la force et mon instinct retrouve tranquillement la place qui lui revient.

Mes idées et ma perception de l’avenir s’éclaircissent tranquillement.

Nous allons mieux.

Merci à mon instinct d’avoir continuellement poussée à reprendre ce blogue malgré mes doutes.

Tranquillement, mais sûrement, la renarde va mieux.

©Kumiho’s stories – ou les 9 vies de Julie La Renarde – Tous droits réservés – MMXX

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