Parfois, il est nécessaire de prendre des pauses.
Parfois, il est nécessaire de s’arrêter, souffler un peu, regarder autour de soi, faire le point, regarder sur la carte quelle direction on souhaite prendre, puis repartir.
Finalement, je pense que c’est ce à quoi sert ce blogue pour moi. Je l’avais lancé, car j’avais besoin de faire le point après la tempête, avant de repartir. J’ai arrêté de le produire quand j’ai su dans quelle direction poursuivre ma route.
Je le reprends maintenant que j’ai besoin à nouveau de voir clair dans ma vie.
J’ai pu avancer tout au long de l’été grâce à ce que j’avais bloggué. Je m’y étais entrainée à écrire tous les jours. C’était mon objectif premier. Et j’ai continué à rédiger tous les jours par la suite, en lien avec mes études doctorales.
J’ai rédigé, tout l’été. Ça m’a permis de mettre mes idées au clair. Ça m’a permis de voir la trame narrative de ce sur quoi je pourrais écrire mon prochain projet de recherche qui pourrait éventuellement devenir mon sujet de doctorat.
Je l’ai testé autour de moi. Le feed-back est que j’ai une bonne ligne directrice, mais qu’il me reste encore du peaufinage à faire.
Ça m’a aussi permis de constater que j’avais besoin d’une autre pause qui devrait m’être salutaire : je prends une pause d’une année de mes études pour me ressourcer et peaufiner mes idées.
Ça me fait drôle de dire ça.
Je… prends… une… pause… de… mes… études.
Depuis mon retour aux à l’université (il y a déjà 10 ans!), le mois de septembre était synonyme de rentrée scolaire, d’effervescence, de nouveau départ.
Là, je vois septembre arriver et il n’y a rien de tout ça.
Les feuilles d’arbre rougiront cet automne sans de Renarde qui s’en va vaillamment à l’université se remplir la caboche de nouvelles connaissances.
L’hiver viendra et Julie La Renarde ne sera plus sur les bancs universitaires à courir pour arriver à temps aux échéanciers.
Cette année sera une période de jachère intellectuelle.
Une année de repos pour me reconstruire entièrement afin de repartir en étant capable de suivre le rythme.
Car Julie a traversé un été (au sens figuré de Game of Throne où les saisons durent plusieurs années) qui a été parsemé d’ouragans.
Elle en est sortie épuisée…
La saison des ouragans a été particulièrement longue dans la vie de Julie La Renarde. Depuis 2015, Juju a été en mode survie durant ces quatre longues années.
Elle a dû placarder des murs, amasser des provisions et se mettre en mode protection pour éviter d’être emportée par la tempête.
Et elle a réussi la tite Juju!
Une fois la tempête passée, elle est sortie ramasser les débris. Tenter tant bien que mal de réparer ce qui a été brisé.
Une fois, c’était la toiture. Une autre, un arbre arraché tombé sur la maison.
Mais le pire a été le dernier ouragan.
Car cette Julie La Renarde croyait bien en avoir fini avec les ouragans puisque l’hiver venait enfin.
C’est souvent comme ça. Il ne faut jamais crier victoire trop vite, avant d’avoir réellement passé le fil d’arrivée.
C’est là, me pensant avoir résisté à la tempête, que le big huge monstrueux ouragan est venu frapper par en arrière.
De plein fouet!
BAAAAAAAAAAM!
Cette fois-là, les fenêtres de la maison n’étaient pas placardées et la toiture s’est envolée au vent. Et la renarde accrochée après…
Le mode survie n’était plus d’attendre patiemment au fond de sa tanière que la pluie et le vent cesse.
Cette fois-là, elle a été soulevée dans la tempête très haut dans le ciel et l’objectif a été de faire atterrir l’avion en sécurité.
Dans ce temps-là, plus rien ne compte que de réussir à atterrir sans se casser la cheville.
Dans ce temps-là, plus rien ne compte que de réussir à ne pas se laisser emporter au loin avec le vent.
Nombreux ont été celles et ceux qui l’ont conseillée de sauter et d’ouvrir son parachute.
Mais un parachute dans un ouragan ne fait qu’empirer les choses, non? Tu ne sautes pas d’un avion quand des êtres chers s’y trouvent encore. C’est les condamner à une fin atroce, n’est-ce pas?
Dans ce temps-là, il ne te reste plus que ton instinct pour atterrir à bon port sans trop de dommages physiques…
Et la Renarde a réussi. Elle a fait atterrir l’avion sans trop de dégâts. Mais aux prix d’une tanière qui a été complètement écartelée par la force du vent.
On a compris que la Renarde avait vécu une série d’effroyables tempêtes. Mais dans le monde hyper compétitif, il faut tout de même, paraît-il, produire quand même.
Certains réussissent. Ils se mettent en mode robot, se détachent de leurs émotions et produisent quand même.
Mais trop souvent, c’est au péril de leur santé.
On se demande pourquoi il y a tant d’épuisement professionnel aujourd’hui? On se demande pourquoi le burn out est le mal du siècle?
C’est simple. On ne s’accorde pas le temps nécessaire pour bien naviguer et survivre aux tempêtes qui peuvent survenir dans nos vies personnelles. On doit être productifs beau temps mauvais temps.
Mais Julie La Renarde n’y croit pas à ce mode de vie.
Julie La Renarde croit aux bienfaits des pauses.
Car la santé, c’est précieux!
Autant la santé physique que mentale.
Julie La Renarde croit à l’importance de s’arrêter pour reconstruire correctement sa tanière mentale et physique avant de repartir dans de nouveaux projets.
Car Julie La Renarde ne voit rien de bon dans cet univers ultracapitaliste qui ne pense qu’en termes de production et de profit sans penser à l’humain derrière.
Malheureusement, le milieu académique a été infiltré par les bienpensants de l’entreprise capitaliste libérale qui souhaitent transformer les institutions de recherches et de production de connaissances en série et en une usine à diplômer, parfois à rabais.
C’est antinomique à la production de connaissance. La science n’a pas besoin de quantité, mais de qualité. Et la qualité, intellectuelle, ça prend du temps. Ça prend de l’investissement sur le long terme.
Et à ça, Julie La Renarde y croit plus que tout.
C’est pourquoi elle fait un pied de nez à tout ça et a décidé de prendre une pause. Elle a décidé de prendre le temps de refaire le tour du jardin qu’elle mettra en jachère.
Cette année, la Renarde passera l’hiver bien blottie au creux de sa tanière afin de se refaire des forces intellectuelles.
Quand le printemps sera de retour, elle sera réénergisée. Elle saura quel chemin emprunter. Elle aura une confiance en elle retrouvée. Elle aura la conviction qu’elle saura faire un pied de nez à tous ceux qui croient n’elle n’a pas ce qu’il faut pour faire un doctorat, faute d’une production adéquate pour la préparation de sa thèse ces dernières années.
Car durant la tempête, elle a osé choisir l’humain avant tout et choisi de porter secours à ceux qu’elle aime.
©Kumiho’s stories – ou les 9 vies de Julie La Renarde – Tous droits réservés – MMXIX